Amazon Déclare la Guerre à l’IA en Entretien d’Embauche : Une Pratique Jugée Injuste

L’essor des outils d’intelligence artificielle (IA) transforme de nombreux secteurs, y compris le recrutement. Aujourd’hui, certains candidats n’hésitent plus à utiliser des IA génératives pour répondre aux questions des recruteurs lors d’entretiens en visioconférence. Grâce à un simple smartphone positionné discrètement, des logiciels comme ChatGPT ou d’autres assistants d’IA analysent les questions et génèrent instantanément des réponses pertinentes. Les postulants n’ont alors plus qu’à lire ces suggestions en tentant de masquer leur dépendance à la technologie.
Sur les réseaux sociaux, cette pratique est devenue de plus en plus courante. Certains candidats vantent même les avantages de cette méthode, qu’ils considèrent comme un moyen d’optimiser leurs chances face aux exigences du marché de l’emploi. Cependant, pour les recruteurs, cette tendance soulève d’importants problèmes d’équité et de transparence dans les processus de sélection.
Amazon Prend des Mesures pour Interdire l’Utilisation de l’IA en Entretien
Face à cette montée en puissance, Amazon a décidé d’agir. Le géant du e-commerce, qui emploie près de 1,5 million de personnes dans le monde, a récemment publié une note interne pour encadrer cette problématique. Selon un rapport de Business Insider, l’entreprise interdit désormais aux candidats d’utiliser des outils d’IA générative lors des entretiens d’embauche.
Chaque postulant sera informé de cette règle dès le début de son entretien. Amazon précise dans ses directives :
« Afin d’assurer un processus de recrutement juste et transparent, veuillez ne pas utiliser les outils d’IA générative pendant votre entretien, sauf si cela est explicitement autorisé. »
L’entreprise ajoute que tout non-respect de cette directive pourrait entraîner l’exclusion immédiate du processus de recrutement.

Comment Amazon Détecte l’Usage de l’IA par les Candidats ?
Amazon ne se contente pas d’interdire l’usage de l’intelligence artificielle, elle met également en place des stratégies pour repérer les candidats qui tricheraient. Les recruteurs ont ainsi reçu des consignes spécifiques pour identifier les signes d’utilisation d’un outil d’IA. Parmi les indicateurs évoqués :
- Lecture mécanique des réponses : un candidat semble lire ses réponses plutôt que d’y répondre naturellement.
- Regard fuyant ou fixe : les yeux du postulant suivent un texte sur un écran ou regardent ailleurs, au lieu de bouger naturellement.
- Corrections fréquentes : le candidat se reprend souvent lorsqu’il écorche un mot, ce qui pourrait indiquer qu’il lit un texte généré.
L’IA dans le Recrutement : Un Débat Éthique et Technologique
L’utilisation d’outils d’intelligence artificielle pour réussir un entretien pose un véritable débat éthique. D’un côté, ces technologies permettent d’aider les demandeurs d’emploi à mieux se préparer et à formuler des réponses plus structurées. De l’autre, elles faussent la perception des compétences réelles du candidat, ce qui peut être considéré comme une forme de tricherie.
Des Start-ups Misent sur l’IA pour Révolutionner le Recrutement
Plusieurs start-ups ont saisi l’opportunité de cette évolution et développent des outils spécialement conçus pour accompagner les candidats lors des entretiens. Parmi elles :
- Parakeet AI
- Final Round AI
Ces solutions permettent aux utilisateurs de renseigner la fiche de poste visée et leur CV, afin d’obtenir des réponses personnalisées en temps réel. Final Round AI, qui a levé près de 7 millions de dollars en février dernier, souhaite transformer le recrutement traditionnel grâce à l’IA. Son cofondateur, Michael Guan, défend cette approche :
« Si les candidats peuvent utiliser l’IA pour briller lors d’un entretien, alors ils peuvent certainement continuer à utiliser l’IA pour briller au quotidien au travail. »

Quel Avenir pour l’Intelligence Artificielle dans le Processus de Recrutement ?
Alors que les grandes entreprises comme Amazon tentent de freiner l’usage de l’IA en entretien, il semble difficile d’arrêter cette tendance. Certains experts suggèrent que plutôt que d’interdire ces outils, les employeurs pourraient les intégrer dans leurs processus pour mieux évaluer les compétences des candidats en matière d’adaptation technologique.
La question demeure : l’IA doit-elle être perçue comme un simple outil d’aide ou comme une menace pour l’équité du recrutement ? Quoi qu’il en soit, la transformation numérique des ressources humaines est en marche, et les entreprises devront bientôt redéfinir leurs méthodes d’évaluation des talents.
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