Intelligence Artificielle : Pourquoi Certains Pays Interdisent-ils l’IA Chinoise DeepSeek ?

L’intelligence artificielle (IA) chinoise ne cesse de progresser, mais certains pays ont décidé d’interdire ou de restreindre l’utilisation de DeepSeek, un chatbot innovant développé par une start-up chinoise. En cause ? Des préoccupations liées à la cybersécurité, à la protection des données et à la souveraineté numérique. Pourquoi cette IA fait-elle autant débat ? Décryptage.
Qu’est-ce que DeepSeek et pourquoi suscite-t-il l’inquiétude ?
DeepSeek est un chatbot développé par une entreprise chinoise qui s’est rapidement imposé comme un concurrent sérieux face aux géants américains tels que ChatGPT d’OpenAI. Grâce à une technologie avancée et à des coûts réduits, il représente une alternative attractive pour de nombreux utilisateurs et entreprises à travers le monde.
Cependant, plusieurs gouvernements ont exprimé des inquiétudes concernant la manière dont DeepSeek gère les données personnelles et son éventuel lien avec le gouvernement chinois. Cette crainte repose sur le fait que, selon la loi chinoise, les entreprises technologiques doivent coopérer avec les autorités en cas de demande d’accès aux données.
Quels pays ont interdit ou restreint DeepSeek ?
1. Italie : le premier pays à prendre des mesures
L’Italie a été le premier pays à enquêter sur DeepSeek et à interdire son utilisation sur son territoire. Cette décision a été motivée par des préoccupations liées à la confidentialité des données des utilisateurs italiens. L’autorité de surveillance italienne avait déjà pris des mesures similaires contre ChatGPT en 2023.
2. Taïwan : une interdiction pour raisons de sécurité nationale
Les autorités taïwanaises ont décidé de bloquer l’accès à DeepSeek pour leurs fonctionnaires ainsi que pour certaines infrastructures stratégiques. La raison invoquée ? Des risques pour la « sécurité nationale de l’information ».
3. Australie : une réaction rapide
Dans la foulée de Taïwan, l’Australie a également restreint l’utilisation de DeepSeek sur les appareils gouvernementaux. Les autorités australiennes s’inquiètent des potentielles fuites de données sensibles vers la Chine.
4. Corée du Sud : un blocage dans les institutions sensibles
En Corée du Sud, plusieurs ministères, dont celui des relations avec la Corée du Nord, ont interdit l’utilisation de DeepSeek sur leurs ordinateurs. Ce blocage concerne aussi les infrastructures militaires. En outre, le gouvernement sud-coréen a ordonné le retrait de l’application des boutiques locales, le temps d’une enquête approfondie sur la gestion des données par l’entreprise chinoise.
5. États-Unis : vers une interdiction totale ?
Aux États-Unis, plusieurs parlementaires ont proposé une loi visant à interdire DeepSeek sur les appareils gouvernementaux. Le représentant Darin LaHood a même qualifié la start-up chinoise d’ »entreprise affiliée au Parti communiste chinois », soulignant les risques en matière de cybersécurité et d’espionnage potentiel.
Des craintes fondées sur la gestion des données personnelles
L’une des principales préoccupations concernant DeepSeek repose sur sa politique de confidentialité. Les conditions générales du chatbot incluent une section sur la transmission des données personnelles à des tiers, similaire à celle d’OpenAI.
Toutefois, la principale inquiétude réside dans le fait qu’en Chine, les entreprises sont légalement tenues de fournir des informations aux autorités sur demande. Selon Youm Heung-youl, expert en cybersécurité à l’université Soonchunhyang en Corée du Sud, cette obligation constitue une menace majeure pour la protection des données des utilisateurs à l’international.
Autre élément troublant : la collecte des « frappes au clavier », qui permettrait à DeepSeek d’enregistrer toutes les interactions des utilisateurs avec leur clavier, soulevant des inquiétudes sur la surveillance et l’exploitation des données.
La Chine dénonce des restrictions politiques
Face à ces interdictions, Pékin a réagi en affirmant que le gouvernement chinois « n’exigera jamais des entreprises ou des individus qu’ils collectent ou stockent illégalement des données ». Les autorités chinoises estiment que ces restrictions sont davantage motivées par des considérations géopolitiques que par de réels problèmes de cybersécurité.
Conclusion : entre précaution et tensions géopolitiques
L’interdiction de DeepSeek dans plusieurs pays met en lumière les tensions croissantes autour de l’IA et des technologies numériques. Si certaines nations justifient ces restrictions par des risques pour la sécurité nationale et la protection des données, d’autres y voient une nouvelle étape dans la rivalité technologique entre la Chine et l’Occident.
Le débat reste ouvert : ces interdictions sont-elles justifiées ou s’agit-il d’une stratégie pour contenir l’influence technologique de la Chine ? Une chose est sûre, l’IA chinoise continue de susciter autant d’admiration que de méfiance à l’échelle mondiale.
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