L’intelligence artificielle dépassera-t-elle l’humain ? Yann LeCun démonte le mythe de la singularité

L’intelligence artificielle dépassera-t-elle l’humain ? Yann LeCun démonte le mythe de la singularité

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L’idée d’une intelligence artificielle surpassant l’humain suscite autant d’espoirs que d’inquiétudes. Pour certains, comme Dario Amodei, PDG d’Anthropic, la singularité technologique pourrait émerger d’ici six à douze mois. Une vision alarmante reprise également par Sam Altman, le patron d’OpenAI, en début d’année. Pour d’autres experts, cette projection semble prématurée, voire fantaisiste.

C’est précisément ce que soutient Yann LeCun, l’un des pères fondateurs de l’intelligence artificielle moderne. Selon lui, croire qu’une IA atteindra — et dépassera — l’intelligence humaine relève du fantasme technologique. Pour ce chercheur renommé, les modèles actuels, même les plus performants comme GPT-4, n’ont rien à voir avec une forme de conscience ou d’intelligence humaine réelle.


GPT-4 et les grands modèles de langage : vers une IA polyvalente, pas humaine

Depuis l’émergence de ChatGPT et de ses dérivés, les prévisions des chercheurs sur l’intelligence artificielle générale (AGI) ont changé du tout au tout. Une étude portant sur 8 590 spécialistes de l’IA révèle un glissement majeur : alors qu’en 2022, la majorité visait l’horizon 2060 pour l’arrivée de l’AGI, beaucoup parlent désormais de 2040, voire 2030.

Ces changements s’expliquent par les prouesses spectaculaires des modèles de langage avancés, capables de traduire, rédiger, coder, analyser et synthétiser avec une efficacité impressionnante. Ces outils automatisent déjà des tâches autrefois réservées aux humains spécialisés. Mais cette évolution est-elle le signe d’une conscience en devenir ? Pas pour LeCun.

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Pourquoi Yann LeCun rejette le concept d’intelligence artificielle générale

Pour Yann LeCun, la singularité est une vision erronée du potentiel réel de l’IA. Il propose même de bannir le terme « intelligence artificielle générale » au profit de l’expression « intelligence artificielle avancée« , plus fidèle à la réalité technique.

« L’IA ne sera jamais comme l’humain car elle ne pourra jamais reproduire certaines facultés fondamentales : intuition, émotions, conscience de soi », explique-t-il.

Les systèmes actuels, aussi performants soient-ils, simulent l’intelligence, sans véritable compréhension ni ressenti. Ce sont des machines statistiques, non des entités conscientes.


Les huit formes d’intelligence : un rappel nécessaire

L’humain, rappelle LeCun, ne se résume pas à une suite d’algorithmes. L’intelligence humaine englobe plusieurs dimensions identifiées par les sciences cognitives :

  • L’intelligence logico-mathématique
  • L’intelligence interpersonnelle
  • L’intelligence existentielle
  • L’intelligence musicale
  • L’intelligence corporelle-kinesthésique
  • L’intelligence linguistique
  • L’intelligence spatiale
  • L’intelligence intra-personnelle

Aucune IA ne maîtrise ces formes de manière globale. Même les plus performantes peinent à simuler l’ensemble de ces compétences dans un cadre cohérent et autonome.


La loi de Moore et l’accélération technologique : miracle ou mirage ?

L’un des arguments les plus fréquemment avancés pour prédire l’avènement de la singularité repose sur la loi de Moore, selon laquelle la puissance informatique double tous les 18 mois. Cela signifie que des capacités de calcul autrefois inaccessibles deviennent progressivement courantes.

Avec la montée en puissance des puces spécialisées pour le deep learning, et l’arrivée progressive de l’informatique quantique, certains analystes pensent que les limites actuelles pourraient bientôt sauter. Cela permettrait aux IA de résoudre des problèmes complexes, de s’adapter à de nouveaux contextes, et même de prendre des décisions autonomes.

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Mais cette perspective, pour Yann LeCun, reste purement théorique, car l’intelligence n’est pas qu’une affaire de calcul brut.


Les limites fondamentales des IA actuelles

Même les meilleurs modèles d’intelligence artificielle, comme GPT-4 ou Claude, restent profondément dépendants :

  • De vastes bases de données préexistantes ;
  • D’une supervision humaine dans leur entraînement ;
  • D’infrastructures informatiques colossales pour fonctionner ;
  • D’un encadrement éthique et légal pour éviter les dérives.

Ils sont puissants, oui, mais fondamentalement déconnectés de l’expérience humaine. Ils ne ressentent pas, ne comprennent pas réellement, et ne peuvent ni anticiper ni innover comme un esprit humain.


L’illusion de l’IA autonome : entre fantasme et inquiétude

Certains articles, comme ceux publiés sur leptidigital.fr, évoquent des IA capables de s’auto-gérer sans intervention humaine. Cela alimente les peurs liées à une IA autonome pouvant potentiellement échapper au contrôle humain.

Mais là encore, Yann LeCun appelle à la prudence : ce type de scénario s’apparente plus à de la science-fiction qu’à un avenir imminent. Aucun modèle actuel ne démontre un niveau d’autonomie proche de celui d’un organisme vivant. Et aucun ne possède la conscience morale nécessaire pour prendre des décisions dans des contextes humains complexes.


H2 – Éthique, contrôle et futur de l’intelligence artificielle

Ce débat sur la singularité soulève un enjeu central : l’éthique de l’intelligence artificielle. Si un jour l’IA devait s’approcher — même partiellement — des capacités humaines, comment garantir un développement responsable ?

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Les chercheurs insistent sur plusieurs axes :

  • Établir des cadres réglementaires stricts à l’échelle mondiale ;
  • Imposer la transparence des algorithmes et des intentions des entreprises technologiques ;
  • Encadrer les usages militaires, politiques et commerciaux de l’IA ;
  • Favoriser une IA au service de l’humain, et non l’inverse.

Conclusion : une IA puissante, oui — mais jamais vraiment humaine

L’intelligence artificielle progresse à grande vitesse, mais il est essentiel de distinguer performances techniques et intelligence humaine réelle. Le fantasme d’une IA dotée d’une conscience, d’émotions et d’une volonté propre est largement exagéré.

Yann LeCun, en tant que chercheur de référence, nous invite à repenser notre conception de l’intelligence et à sortir des mythes véhiculés par la culture populaire. Oui, l’IA va transformer nos sociétés. Non, elle ne deviendra pas humaine.

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